A une époque cinématographique où les supers-héros et les films de science-fiction ont la cote, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson nous renvoie en Terre du Milieu après la trilogie du Seigneur des Anneaux avec Le Hobbit : un voyage inattendu. Ce premier film de la trilogie adaptée du roman de J.R.R. Tolkien raconte la quête entreprise par les Nains d’Erebor, qui accompagnés de Bilbon Sacquet vont tenter de récupérer leur royaume tombé entre les mains du redoutable dragon Smaug. Cette adaptation qui lève le voile sur de nombreux évènements présents dans le Seigneur des Anneaux apparaît comme une aventure classique, regorgeant de personnages aussi hauts en couleurs que le sont les superbes paysages. Seules ombres au tableau,  la longueur de certaines scènes et excepté pour Thorin, les apparitions trop modestes des Nains.

Le film  Le Hobbit : Un Voyage Inattendu

Pour ce premier volet, Peter Jackson a décidé de retrouver Fran Walsh et Philippa Boyens, scénaristes de la trilogie du Seigneur des Anneaux, ainsi que Guillermo del Toro, ce dernier ayant participé à l’élaboration des premiers jets. Entre de si bonnes mains, l’avenir de cette trilogie est donc très prometteuse…

Bilbo le Hobbit : Un voyage inattendu commence par un prologue qui met en place les éléments majeurs de l’histoire, ce qui n’est pas sans nous rappeler la scène d’ouverture de La Communauté de l’Anneau. Bilbo Baggins (Ian Holm) reprend cette fois-ci le rôle de narrateur tenu précédemment par la belle Galadriel (Cate Blanchett) au commencement du tryptique antérieur. Cette première séquence incroyable s’installe chronologiquement avant la grande fête d’anniversaire développée dans La Communauté. Le hobbit relate le destin tragique de Thráin Ier qui, rendu fou par sa découverte à la montagne solitaire de gisements d’or et de la fameuse Arkenstone, se voit incapable de mener ses hommes contre l’attaque du dragon Smog attiré par toutes ces richesses.

De 60 ans son cadet, le Bilbo incarné par Martin Freeman, prend le relais du récit. C’est à ce moment là que Gandalf (Ian McKellen) fait son entrée dans l’histoire pour lui proposer une quête, refusée dans un premier temps. Mais c’était sans compter sur le soutien des treize Nains et de Thorin, qui un par un vont réussir à convaincre le héros de répondre à la demande de l’homme à la barbe grise. Contrairement à son neveu Frodon, Bilbo est impressionnant de courage, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Comme évoqué plus haut, l’un des points négatifs du film, hormis ses longueurs se traduit par le manque d’attention porté à la majorité des Nains. Initialement conçu pour les enfants, le roman du Hobbit emploie un ton plus doux et raconte une histoire beaucoup moins dense que celle du Seigneur des Anneaux. On retrouve donc ces caractéristiques dans le film que Jackson saupoudre de beaucoup d’humour en comparaison à la trilogie de l’Anneau, mais il a la main parfois lourde et nous oblige à assister à des scènes excessives, à la limite de l’idiotie pour ce qui est des Nains qui se voient facilement singés. On participe donc entre autres aux bagarres entre ces petits hommes qui semblent n’exister qu’à travers leurs repas gargantuesques, beuveries et autres numéros de cirque et jonglages d’assiettes…Le plaisir de voir une telle équipe est présent mais frustré par une mise en valeur maladroite et bien obscurci par le jeu trop important et solennel de Thorin Ecu-de-Chêne.

Suite à la perte de son père et du royaume de celui-ci, ce personnage de Thorin (incarné par Richard Armitage) rongé par la haine est préparé à partir en guerre contre Smaug. En plus de maintenir en vie la petite troupe de nains qui l’entoure, il espère également venger la mort de son grand-père tué par le grand et pâle Azog le Profanateur (Manu Bennett), chef de clan Orc. En dépit de toutes ces aspirations de revanche, son courage et sa force, Thorin a cependant encore beaucoup à apprendre sur le rôle de leader. Aura-t-il les épaules assez larges ? Bilbo parviendra-t-il à l’aider ?

Pour ce qui est des personnages secondaires, la majorité des protagonistes originaux est de retour mais c’est sans compter de nouvelles surprises. L’arrivée des nouveaux acteurs reste cependant relativement discrète, pas d’entrée fracassante pour Lee Pace pourtant Roi des Elfes en Thranduil. Sylvester McCoy incarne quant à lui le loufoque et très amusant Ragadast le Brun et Barry Humphries est le Grand Gobelin (mal conçu selon moi, mais ça vous le verrez de vos propres yeux). Peter Hambleton, John Callen, Ken Stott, Graham McTavish, James Nesbitt, William Kircher, Aidan Turner, Dean O’Gorman , Mark Hadlow, Jed Brophy, Adam Brown et Stephen Hunter incarnent avec talent les Nains. Tous ces acteurs ont interprété avec brio leurs personnages, mais j’ose espérer qu’ils seront mis en lumière avec plus d’attention par la suite.

Impossible de ne pas citer le fantastique Ian McKellen, presque né pour jouer ce rôle de Gandalf. Aussi charmant que manipulateur, il montre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent, notamment dans une scène réunissant des personnages tous plus puissants que lui : Galadriel (Cate Blanchett), Saroumane le magicien blanc (Christopher Lee) et Elrond (Weaving). Cet évènement relie non seulement les personnages à travers l’histoire de Tolkien, mais renforce considérablement l’intrigue du Seigneur des Anneaux. Magnifiquement réalisée, cette scène est pour moi, une des plus précieuses de ce premier épisode, aussi précieuse que le jeu d’Andy Serkis aka Gollum, qui nous fait presque oublier la longueur interminable du duo Bilbo/Gollum dans la caverne.

Brutales et épiques pour la plupart, les batailles en flashback dans The Hobbit nous gardent elles aussi éveillé et restent certainement les meilleures scènes de combat du film. La conception des personnages à travers les costumes et les maquillages est assez phénoménale, surpassant même celle du Seigneur des Anneaux.

La façon dont Bilbo le Hobbit s’inscrit dans la trilogie du Seigneur des Anneaux est la plus grande réussite de Peter Jackson. Elle n’est en rien comparable à celle des films Star Wars et leurs préquelles très largement considérées comme « inférieures ». The Hobbit est mis en place de manière à ce que les nouveaux spectateurs puissent faire connaissance assez rapidement avec Bilbon et Frodon.

Pour tous les fans du SDA, la nostalgie s’impose avec cette transition, particulièrement au début du film qui ramène vers des terres familières : Hobbitbourg et Cul-de-Sac. Cette scène d’introduction relie la seconde trilogie à la première de manière très forte. Nous ne savons pas encore comment Jackson envisage de mettre fin à la trilogie Hobbit, mais l’ouverture d’Un Voyage Inattendu est celle de La Communauté de l’anneau sont parfaitement liées.

Le film est très instructif puisqu’il explore également les raisons de la haine entre les Nains et les Elfes, la connexion de Gandalf avec la nature, la transformation de Greenwood (devenu par la suite Mirkwood), les secrets de Saroumane, l’origine de certaines armes célèbres, et la connaissance de l’Anneau. Les thèmes sont abordés dans un ordre chronologique plus que respecté, on y verrait presque un hommage rendu au Seigneur des Anneaux.

Réussite visuelle et narrative, The Hobbit vibre également de par sa bande originale, à la fois pour les morceaux originaux (comme « Misty Mountains », thème obsédant chanté par les Nains) et l’incorporation des chansons du Seigneur des Anneaux.

Bilbo le Hobbit place donc la barre très haute pour les deux prochaines réalisations. Mais n’ayons crainte et osons espérer des suites aussi époustouflantes que le Retour du Roi, traitées cette fois avec moins de longueurs, plus de sérieux et d’équité entre les personnages. Bilbo désormais en possession d’un certain anneau, Peter Jackson toujours aux commandes,  après un Voyage inattendu qui s’installera dans le temps probablement comme un classique aventure-fantasy, attendons-nous désormais à un extraordinaire périple, du genre inestimable…

 

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