A peine un an après le succès d’Happiness Therapy, qui avait valu un Oscar à Jennifer Lawrence, David O. Russell est de retour avec American Bluff. Au programme : perruques, arnaques, et histoires d’amours contrariées dans l’Amérique des seventies, le tout avec un casting cinq étoiles principalement composé d’habitués du cinéma d’O. Russell. Malheureusement, malgré le cachet « histoire vraie« , le résultat final a de quoi laisser perplexe.

Le film American Bluff

Car American Bluff souffre de grosses carences, à commencer par son scénario, d’une grande vacuité et trop bavard. L’intrigue du film, en effet très mince, tente de meubler le vide avec des dialogues à côté de la plaque, et à aucun moment cette histoire d’arnaqueurs aidant le FBI à coincer des hommes politiques véreux n’arrive à capter l’attention du spectateur, bien plus focalisé sur les kilos de laque utilisés pour faire tenir les cheveux de Jennifer Lawrence sur sa tête. Qui arnaque qui, au final, on s’en fiche. Cette galerie de personnages, à force d’excentricité, de double-jeu mal dissimulé, lasse, tout comme le « twist » de fin laisse pantois par sa médiocrité scénaristique.

Presque toutes les relations du film (Cooper/Adams, Bale/Lawrence, ou même Bale/Renner) sont trop superficielles pour réellement convaincre. Il n’y a que l’histoire d’amour improbable entre Sydney et Irving, ces deux arnaqueurs, qui offre au film ses meilleures séquences, car ce n’est que dans ces moments-là qu’O. Russell calme l’hystérie et installe une douceur renforcée par le jeu des acteurs. Dommage que ce ne soit que trop bref et très maladroit. Par exemple, le gimmick de Bale enlevant ses lunettes quand il est censé être à nu émotionnellement marche une fois, mais pas dix. Un gimmick représentatif de la faiblesse des moyens d’O. Russell qui dissimule tellement ses personnages sous des habits et des perruques en tout genre qu’ils en deviennent caricaturaux, même dans leur humanité.

Dommage aussi que la réalisation lourde et dénuée de toute subtilité, renforcée par une photographie sans saveur, tire le film vers le bas. Car cela donne au film un cachet vulgaire, outrancier, dont on se serait bien passé. Et non, le fait que ça se passe dans les 70’s n’explique rien. Ni ça, ni le fait que malgré ses bonnes intentions, les tentatives d’O. Russell de faire d’American Bluff son Casino tombent à l’eau. Mêmes travellings, mêmes voix-off. Ajoutez-y un caméo de Robert de Niro en patron mafieux, mais n’est pas Scorsese qui veut. Sans doute une question de dosage, qui manque cruellement ici.

Un manque de dosage qui fait baigner American Bluff dans une hystérie insupportable, et qui fait sombrer les touches d’humour avec elle. L’hystérie atteignant son paroxysme dans cette séquence où Jennifer Lawrence se met à chanter « Live and Let Die », achevant de définitivement basculer le film dans le grotesque. Et si la moitié du casting, notamment Amy Adams et Christian Bale à nouveau dans une transformation physique impressionnante, arrive à sauver sa peau en évitant les pièges du sur-jeu, le reste du casting horripile dans des performances digne du pire cabotinage. Oui, le constat vaut aussi pour Bradley Cooper qui avait pourtant montré de quoi il était capable dans Happiness Therapy l’année dernière. Mention spéciale toutefois à Louis C.K., qui est le seul à véritablement garder la tête sur les épaules dans toute cette folie.

Après Fighter et Happiness Therapy, le cru 2014 de David O. Russell est donc une réelle déception. Un casting mal employé, une mise en scène indigeste ainsi qu’un scénario confus et bavard font d’American Bluff, malgré son duo principal et une soundtrack réussie… une véritable arnaque cinématographique.

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