L’inventeur du bitcoin, le nippo-américain Satoshi Nakamoto, pouvait-il savoir que de sa création naîtrait la blockchain ? Probablement pas. Lui qui, lors de la crise financière de 2008, tournait le système financier en dérision, n’imaginait pas que son système intéresserait bientôt les banques. Et pourtant, celles-ci se trouvent de plus en plus disposées à faire confiance à la « chaîne de blocs » – pour reprendre le terme francisé.

Des économies considérables en jeu pour le système financier

Beaucoup de spéculations circulent autour de la blockchain et de ses potentielles répercussions à venir sur notre système financier. L’une d’elles se concentre sur les économies qu’elle permettrait de réaliser sur les transactions financières mondiales grâce à l’usage informatique. Des spécialistes estiment en effet que le système financier mondial pourrait économiser entre 15 et 20 milliards de dollars par an à partir de 2022.

Comment cela est-il possible ? Le fait est qu’aujourd’hui, les virements interbancaires passent pas des intermédiaires appelés chambres de compensation, qui se rémunèrent en compilant toutes les flux entrants et sortants d’une banque donnée pour calculer leurs gains. Avec cette nouvelle technologie, ce tiers de confiance ne sera plus nécessaire, et son activité sera de facto rendue caduque. Les banques y gagneront donc sous forme d’économies des coûts de transaction, des commissions perçues par les chambres et autres appels de marge.

Pour les banques, tirer partie d’une nouvelle technologie a priori menaçante pour elles (source : informatruc.com). L’un des multiples mythes générés par l’émergence de la chaîne de blocs était que celle-ci entraînerait à terme la fin des banques, dans la mesure où elle rendrait inutile l’intervention de tout tiers de confiance dans les échanges financiers. Néanmoins, l’expérience a montré qu’il n’était pas aisé pour un opérateur tel que Bitcoin de rassembler la confiance des usagers, notamment du fait de la complexité d’utilisation de certaines crypto-monnaies.

Ainsi les banques, loin de minimiser l’impact de ces dernières sur les transactions financières, semblent y voir au contraire une opportunités. Un scénario envisagé voit donc les grandes banques mondiales s’organiser autour d’un registre blockchain. Ainsi, chacune posséderait dans son système informatique une copie de ce registre commun, qui tiendrait la comptabilité de l’ensemble des échanges interbancaires – inventoriant les dettes et les avoirs qu’aurait chaque banque vis-à-vis des autres. L’information ainsi circulant, aucune banque ne pourrait tromper ses homologues.

Cas concrets d’utilisation par les banques

Le mardi 23 octobre, la banque américaine JP Morgan a annoncé avoir trouvé un accord avec 75 banques du monde entier pour s’affilier au réseau Interbank Information Network (IIN), parmi lesquelles la Société Générale, le Crédit Agricole, Santander, AIB, ou encore UniCredit. Cette initiative d’ampleur témoigne donc d’un mouvement général des banques vers l’appropriation de la technologie des crypto-monnaies. Voici donc quelques cas de projets portés par des banques, avec des objectifs divers.

SETL, la crypto-monnaie des banques centrales

Acteurs historiques du système financier, les banques centrales n’en sont pas moins capables de se tourner vers la high tech. La start-up anglaise SETL affirme en effet être en discussion sur par moins de 50 projets en lien avec la fluidification des monnaies banques centrales. L’idée est de simplifier la chaîne d’intermédiaires sollicitée dans le processus de règlement-livraison inhérent à toute transaction financière.

Depuis peu, la banque Arkea sollicite les solutions offertes par SETL pour son activité de gestion d’actifs. En dotant une plateforme baptisée Iznes de sa technologie chaîne de blocs, SETL permet de raccourcir les délais, de réaliser des économies d’échelle, mais aussi de garantir plus de transparence. Car en effet, les gestionnaires d’actifs ont très souvent une connaissance approximative de leurs clients finaux.

BNP Paribas fait le pari de la start-up high tech Pikciochain

Avec SETL, Pikciochain est une autre de ces start-ups de la fintech qui font actuellement parler d’elles. Cette fois, celle-ci collabore avec BNP Paribas sur la thématique de la protection des données personnelles. Le postulat de base posé par l’entreprise est que les données fournies par les clients des banques ne sont pas fiables car impossibles à vérifier.

Or, en vertu de la logique KYC (« Know Your Customer« ) de plus en plus appliquées par les banques, la chaîne de blocs développée par Pikciochain permet à la banque de croiser ses informations avec d’autres organisations (internes ou externes) et ainsi de les certifier. Tout ceci se fait bien sûr dans le respect de la réglementation de la protection des données personnelles, renforcée dernièrement par le règlement européen RGPD.

Ainsi, la collaboration entre BNP Paribas et Pikciochain offre un très bon exemple de la manière dont les banques comptent tirer profit de ces innovations de l’informatique, que ce soit via les crypto-monnaies ou via d’autres applications de la chaîne de blocs.

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